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Anne de morale
11 juin 2016

70 ans des accords charbon. Histoire de l'immigration italienne en Belgique

Après la 2ème guerre mondiale, la Belgique tourne au ralenti, elle doit reconstruire et se remettre en marche. Elle a besoin de travailleurs et aussi de mineurs pour extraire le charbon car c’est l’énergie la plus répandue à cette époque. Mais les Belges ne veulent plus vraiment descendre dans les mines. Il faut donc chercher de la main d’œuvre ailleurs. L’Italie connaît des problèmes importants à cette période là, les gens n’ont pas de travail et meurent de faim.

 

Le 23 juin, nous commémorerons les 70 ans de la signature des « accords charbon ». Il s’agit d’un accord passé en 1946 entre la Belgique et l’Italie pour faire venir des travailleurs italiens en Belgique en échange de 200kg de charbon par jour et par travailleur.

 

Les conditions sont simples : être âgé de maximum 35 ans, passer une visite médicale, s’engager à travailler dans les mines au moins 5 ans en échange d’un « bon salaire » et d’un logement.

 

70 ans d'immigration italienne: des bras contre du charbon

Signés le 23 juin 1946 entre la Belgique et l'Italie, les "accords charbon" ont 70 ans cette année. Pour combler une main d'œuvre qui fait défaut dans les charbonnages de Belgique après la seconde guerre mondiale, des dizaines de milliers de mineurs vont quitter l'Italie en quête d'un avenir meilleur chez nous.

https://www.rtbf.be

 

Mais les Italiens vont vite déchanter en découvrant les conditions de travail extrêmement pénibles dans le fond de la mine. Il y fait chaud, on manque d’air, le travail est très très dur et les journées super longues. On les appelle les « gueules noires ». De plus, il y a un risque d’attraper une maladie, la silicose, aussi appelée « maladie des mines ». Les conditions de vie sont elles aussi très difficiles : les mineurs dorment dans des baraquements à plusieurs dizaines et ont faim (je vous ai expliqué que ce travail était tellement dur que les mineurs avaient besoin d’une alimentation très riche). Souvent, ils ont froid aussi dans ces logements de fortune. Ce sont les logements qui avaient servi pour les prisonniers allemands pendant la guerre !

 

La cohabitation ne se passe pas spécialement bien avec les Belges. Ils sont mal vus, victimes de racisme, on les appelle les « macaronis ». Les Belges leur reprochent aussi de vouloir prendre leur travail. On les fait passer pour des profiteurs. Parfois, on trouvait des pancartes sur les devantures de certains commerces "chiens admis, Italiens dehors !"

 

Témoignages: la vie des mineurs italiens

La vie de mineur, une vie harassante et éprouvante. A l'occasion des 70 ans des accords italo-belges sur le charbon, nous avons récolté différents témoignages qui illustrent la pénible vie de mineur. Ce sont souvent les petits enfants, bien installés en Belgique qui racontent la vie de leurs grands-parents, à la lumière de leurs souvenirs d'enfants.

http://www.rtbf.be

 

Ajouté à cela que ces personnes ont dû quitter leur famille pour venir travailler ici: ils sont seuls. Nous avons parlé de la notion de sacrifice. Ils envoient la plupart de leur paie en Italie, ce qui ne convient pas à la Belgique qui décide alors que les femmes et enfants viennent également vivre ici. Du coup, les Italiens gagnent leur vie en Belgique et y dépensent aussi leur argent, participant ainsi doublement à la relance économique du pays.

 

Ils peuvent désormais habiter dans des petits villages de mineurs. Ils sont logés dans de toutes petites maisons généralement constituées d’une pièce commune en bas et d’une chambre pour tout le monde à l’étage.

 

Les enfants de mineurs vont donc à l’école en Belgique mais sont aussi souvent victimes de racisme en se voyant refuser les filières qui mènent aux études universitaires. Alors que, comme on en a discuté en classe, l’école est censée permettre à tout le monde de changer de milieu. Du coup, beaucoup d’enfants de mineurs deviennent mineurs à leur tour…

 

Mais certains parviennent tout de même à s’extraire de ce destin. Il existe des histoires qui se terminent mieux que d’autres.

 

-       ce papa qui ne peut plus travailler à la mine et qui décide, car il doit quand même nourrir sa famille, de fabriquer de la ricotta (fromage blanc italien). La famille apprécie sa ricotta et lui en réclame, puis ce sont les voisins. Il fait ensuite le tour de tous les villages aux alentours pour fournir les Italiens en bonne ricotta. Et puis finalement, maintenant, les fils et petits-fils sont à la tête de 2 grandes surfaces qui ne vendent que des produits italiens.

-       Ce fils de mineur qui écrit une chanson qui aura tellement de succès qu’il deviendra riche et célèbre.

-       Et bien d’autres histoires de succès !

Allez, je vous ai passé cette chanson en classe et puisque personne n'a ri, je vous la remets ici ;)

Rocco Granata - Marina

 Il y a un film sur cette histoire...

Arte journal, 2013, Marina, film de Stijn Coninx, reportage, Seraing, Casa Nostra

Comme chaque fois que des gens différents se côtoient, il y a des histoires d’amour qui naissent : des jeunes Belges tombent amoureux/ses de jeunes Italiens/Italiennes. Mais les parents, aussi bien d’un côté que de l’autre, ne voient pas ses amours d’un bon œil. Ces jeunes amoureux se sont souvent heurtés au refus de leurs parents et à l’époque, sans le consentement des parents, il était impossible de se voir ! Aujourd’hui, cela ne pose plus de problème…

 

Le football contribuera à l’intégration des Italiens dans la société belge. Dans les villages, des petits clubs voient le jour et ils réunissent les enfants des 2 nationalités.

 

L'intégration des Italiens en Belgique est aussi passée par le football

Ce jour là nous avions rendez-vous à Pâturages. Le Royal Standard Club organisait son tournoi de foot annuel avec plus de 80 équipes d'âges divers. A l'entrée l'homme qui récoltait les quelques euros de droit de passage nous a accueilli de façon très bonhomme et avec un léger accent transalpin.

http://www.rtbf.be


 

Un grave accident mettra fin aux accords charbon (mais pas à l’immigration italienne) 10 ans plus tard : la catastrophe du Bois du Cazier à Marcinelle où 262 mineurs perdent la vie. En 1956.

 

La catastrophe du Bois du Cazier

 

La Belgique fera aussi appel à d’autres pays pour venir travailler dans ses mines de charbon : il y aura des Espagnols, des Grecs, des Portugais, des Turcs, etc.

 

Comme l’explique très bien l’historienne Anne Morelli dans ces différents ouvrages, la population belge est le produit de tous ces métissages et nul ne peut se définir comme « vrai Belge à 100% » du fait de cette immigration et de toutes les autres.

 

"L'immigration italienne était une déportation, un arrachement à son pays"

Anne Morelli, historienne éminente de l'immigration italienne, était l'Actrice en Direct sur La Prem1ère ce vendredi matin. Elle a récemment publié un ouvrage intitulé " Recherches nouvelles sur l'immigration italienne en Belgique" et commente les 70 ans de l'accord "bras contre charbon" , celui qui a mené l'Italie à envoyer des dizaines de milliers d'Italiens en Belgique en échange de charbon.

http://www.rtbf.be

 

A ce propos, je voudrais terminer par une vidéo qui m’arrache des larmes chaque fois que je la visionne, même si je sais que c'est une publicité. Elle est en anglais mais je vous ai expliqué sa teneur en classe : ces gens qui se croient 100% d’une origine, en sont fiers et détestent certaines nationalités et qui se rendent compte grâce à un test ADN qu’ils sont en fait le résultat d’un grand mélange qu’ils ne soupçonnaient absolument pas, parfois même il s'avère qu'ils possèdent des origines qu’ils détestaient.

 

 

Ils étaient si fiers de leurs origines... Et puis ils ont fait un test ADN ! Grosse surprise.

On a tendance à définir ses origines en se basant sur celles de ses parents et en se regardant dans le miroir. Grossière erreur ! Notre physique et notre lieu de naissance ne disent quasiment rien de notre généalogie. Du moins, il n'en illustrent qu'une infime partie.

http://positivr.fr

Pour info...

VIDEO. Les tests ADN pour connaître sa généalogie, succès garanti sur Internet

GENETIQUE Une pub pour une agence de voyages a dépassé les 4 millions de vues en jouant sur la mode des vidéos de tests ADN... Une publicité de cinq minutes qui dépasse les 4 millions de vues sur YouTube, ce n'est pas banal, surtout quand rien n'indique qu'il s'agit d'un spot promotionnel.

http://www.20minutes.fr



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